10.6.07

Chapitre V

intelligent design ?

Au coeur des champs de superconscience


V

Dessein Intelligent



Les heures de l’après-midi étaient fraîches et couvertes de nuages gris. Le sable était mouillé. J’ai marché sans peine sur sa surface raffermie. Avec les heures du soir qui venait, le soleil est apparu, soudainement chaud et radieux, tandis que le ciel devenait blanc.

Puis ce fut le retour de la plage. Affamé après la douche, me voici grignotant quelques arachides, en attendant que le thé vert au jasmin infuse. La brise fait ondoyer les rideaux bleus que j’ai un peu tirés, afin d’avoir plus de fraîcheur dans la véranda. Des pigeons roucoulent non loin.

Après la première gorgée de thé Moli Hua Cha apparaît en moi clairement le sujet de ces lignes.

Le Dessein Intelligent est-il une explication du monde ? Peut-on aller plus loin que les diverses caricatures créationnistes aujourd’hui popularisées aux Etats-Unis ?

Peut-on éviter de tomber dans la rhétorique évangéliste plus subtile de l’Intelligent Design, qui a fait son entrée dans les livres scolaires, comme explication alternative au darwinisme ?

En d’autres termes, si le hasard et la nécessité du darwinisme sont les lois naturelles de l’évolution désormais admises par la science, existe-t-il en plus de cette sélection naturelle au sein des espèces des projets intelligents du devenir dont nous ignorerions tout ou presque ?

Caché derrière les lois de l’évolution y a-t-il une ou des réalités invisibles et conscientes qui impulsent, orientent, inventent et choisissent ?

Sommes-nous à l’image des fleurs et des fruits de notre jardin l’objet d’attention et de soins de jardiniers imperceptibles ?

Sommes-nous élevés, par exemple comme nous élevons nos animaux familiers, par des guides plus évolués, dont nous ne connaissons pas la nature ?

Existe-t-il un filigrane subtil, peuplé d’intelligence(s), de consciences(s) dans des dimensions supplémentaires au nôtres, et que nous ne pouvons percevoir faute de sens adaptés ?

Les adeptes des religions répondent par l’affirmative, avec un vocabulaire spécifique à chacune. Chaque tradition a ses représentations et admet assez peu celles des autres.

De plus les croyances les plus fondamentalistes tendent à rejeter l’évidence de la sélection naturelle, voire même du temps de l’évolution, comme dans le créationnisme le plus extrême.

Ce dernier imagine que la nature est apparue en sept jours seulement et que la Terre se serait formée il y a dix mille ans environ, grand canyon du Colorado inclus…

Ne sourions pas trop vite : il y a des bouddhistes occidentaux qui ne font pas vraiment mieux ! Ils visualisent cent onze mille cent onze fois, au titre de leurs préliminaires aux initiations tantriques, que la terre est plate, qu’elle est formée d’une haute montagne souveraine au milieu de quatre terres vassales. Dans leur représentation l’océan qui baigne les côtes des continents est séparé du vide sidéral par… une enceinte circulaire de fer !

Cependant mon sentiment est qu’il y a bien quelque chose, caché derrière le voile de la nature et des corps. Impossible cependant de l’affirmer, car au-delà de nos cinq sens, rien de tangible ne peut encore être présenté comme élément de preuve.

Mais à la question : « pourquoi y a-t-il la vie plutôt que rien ? » que répondez-vous, cher lecteur, chère lectrice ? J’ai tendance quant à moi à me dire : s’il y a la vie, plutôt que rien, ce n’est peut-être pas seulement le fruit conjoint du hasard et de la nécessité, mais aussi la marque d’un dessin (« blue print ») voire d’un dessein (« design »).

A la question qui vient immédiatement après celle-ci : « pourquoi y a-t-il plutôt de l’ordre que du chaos dans la nature ? » que répondrez-vous ?

Certains affirment que la matière vivante est capable d’auto organisation et que la matière est ainsi capable d’évoluer par elle-même vers les formes que nous connaissons.

Certes, mais j’ajouterais volontiers : « la probabilité que l’ordre harmonieux dans la nature et dans l’écosystème s’organise ainsi tout seul est minuscule. »

C’est une probabilité sans doute aussi faible que celle de voir le Taj Mahal se construire tout seul en jetant à la volée des pelletées de sable à la tonne sur le sol du Rajasthan.

Autrement dit il parait plus simple et logique d’imaginer ici aussi l’Intelligent Design.

Existerait-il des démiurges ? A quoi ressembleraient-ils ?

Auraient-ils l’aspect de dieux à barbe blanche, surfant sur des nuages immaculés, brandissant des éclairs dorés et dardant bienveillamment le regard ardent de leurs prunelles d’aigue marine sur nos mondes d’argile ?!

Seraient-ce les nuées évanescentes de hiérarchies spirituelles composées d’anges, d’archanges, d’archaïs, de séraphins, de chérubins… ?

Ressembleraient-ils à des extraterrestres en tenue métallisée venus de Sirius, d’Alpha du Centaure et d’Orion et pilotant avec leurs longues tentacules d’étincelants vaisseaux oblongs à gravitation magnéto hydro dynamique ?!

Peut-être ces images appartiennent-elles à une humanité encore jeune et à ses contes.

Peut-être faut-il se passer d’images, pour apercevoir en idée une succession de champs plus ou moins subtils que nos cinq sens, notre perception des formes ne peuvent pas appréhender.

Peut-être toutes les intuitions des métaphysiques et des traditions religieuses sont-elles d’humbles tentatives de descriptions qui se complètent sans parvenir toutefois à faire plus que nous faire entrevoir ce qui est insaisissable.

Mon impression est que si les mondes conscients qui nous entoureraient tels des poupées gigogne nous sont imperceptibles, c’est aussi parce qu’ils n’auraient pas aujourd’hui de commerce direct avec nous.

Tout comme nous dialoguons grâce à Internet avec des inconnus qui vivent au bout du monde, que nous ne connaissons que par leur alias ou leur pseudo, et que nous ne rencontrerons peut-être jamais de visu, peut-être existe-t-il aussi une technologie impalpable (ou quelque chose d’autre, mais qui n’a pas encore de nom approprié) qui unit nos inspirations subtiles avec notre plan d’existence et d’incarnation.

L’humanité dispose de sciences appliquées puissantes qui lui permettent toutes sortes de prodiges : la géolocalisation, la communication sans fil, la transmission d’images animées, etc. Si nous sommes accompagnés par d’autres champs de l’évolution, il faut s’attendre à ce que nos technologies soient pour eux des jeux d’enfants.

Peut-être leurs univers, qui nous sont imperceptibles, ont-ils exploré depuis bien longtemps les mondes de la mathématique, de la géométrie non euclidienne, des équations fractales, de la microbiologie et de la cybernétique que l’humanité connaît depuis peu…

Alors ils communiqueraient avec notre monde, par leurs impulsions, non pas directement, mais par l’intermédiaire d’activités subtiles. Elles seraient comme un pont entre nos univers et elles les rapprocheraient (« bridge the gap »).

En déployant et en diffusant ces réseaux d’activités biocybernétiques jusqu’au cœur de notre matière vivante, ils pourraient en accompagner le cours, en imaginer le devenir, en orienter les progrès et l’évolution.

Nous serions ainsi issus de diverses strates de dessein intelligent, sans pour autant que la loi de sélection naturelle soit erronée ou doive être remise ne cause.