intelligent design ?
Au coeur des champs de superconscience
XI
Ghost in the machine
L’après-midi est arrivé avec son apex de va-et-vient sur la route, de rumeurs de machines sur un chantier où l’on construit une maison neuve, et de ronronnement de tondeuses à gazon à quelques rues d’ici.
Une brise indécise caresse le faîte des arbres et se joue de leurs flexibles ramures.
L’air réchauffé par les heures solaires semble quant à lui engourdi et immobile.
Ce petit livre paraît avancer, mais n’est pas encore complet.
J’y ai évoqué mes réflexions, privilégié leur présentation comme de simples hypothèses. J’ai souvent souligné qu’il s’agit de possibles intuitions.
Ces pages ne prétendent pas révéler le secret bien caché derrière l’énigme mystérieuse de la vie. Elles pointent, tel le doigt vers la lune, sans être, le moins du monde, plus que de simples signes.
La réalité est à expérimenter chez chacun de nous, d’une manière qui nous est personnelle, sans doute.
Les religions sont peut-être une forme déjà datée, désuète, pour parler de la vie. Les philosophies aussi lorsqu’elles s’invitent dans le champ de la métaphysique.
Il se peut donc que l’éclosion de nouvelles disciplines scientifiques, de leurs instruments d’investigation et de mesure, permettent de rendre mieux compte de ce qui est imperceptible encore aujourd’hui.
Il est pensable que la compréhension viendra aussi grâce aux analogies que nous pourrons faire avec les nouvelles technologies et leurs possibilités.
Génétique, nanotechnologies, matériaux intelligents, ordinateurs neuronaux, etc. viendront féconder et rajeunir la pensée afin que nous puissions mieux appréhender ce que la vie nous cache encore derrière les portes de l’invisibilité.
Je ne fais pas ici de la science une nouvelle religion, ce qu’elle est déjà d’ailleurs à certains égards, ni encore moins ma nouvelle religion. Non, simplement l’accélération de l’évolution technoscientifique est peut-être surgissement d’une compréhension à venir.
En découvrant que l’homme est capable de réguler, voire de co-créer la vie, peut-être réalisera-t-il qu’il est lui-même créature co-créée par d’autres consciences.
Plus qu’un cyborg et moins qu’un démiurge, à la fois créature et bientôt co-créateur…
On cherchait les extraterrestres avec leurs soucoupes loin d’ici. Peut-être se rendra-t-on compte très bientôt que la civilisation terrestre est fécondée et habitée de l’intérieur par une réalité subtile.
Nous n’avons pas absolument besoin d’aller chercher sur les Pléiades les secrets de l’intelligence stellaire, qui surgit, telle une source, au cœur de notre propre vie.
Ghost in the machine : un esprit dans notre corps qui ne devrait pas tout à notre biologie organique, mais à la possibilité de la conscience dans des champs plus stables et plus durables, sans substrat biologique animal, végétal, ni minéral.
Depuis ces mondes, le temps terrestre serait vu comme l’espace simultané d’un grand jardin des possibles.
Intervenant depuis le futur, sur notre présent, en infléchissant notre passé, les champs de superconscience existeraient au cœur du paradoxe temporel qui a tellement intéressé les artistes de science fiction.
Disposant d’une science capable de percevoir, de choisir, d’échantillonner et d’échanger toutes nos énergies psychosomatiques, ces civilisations pourraient ainsi agir au cœur de la nôtre.
Prenant aux uns, donnant aux autres, appauvrissant ou concentrant les mérites, ces champs imperceptibles pourraient impulser transformations sociales, innovations techniques et progrès scientifiques.
Nous serions des laboratoires plus que des cobayes. Nous serions des trésors bien répertoriés, rendus utiles les uns pour les autres, par le biais d’un système de transactions subtiles, d’échange d’énergie subtile mis en œuvre par cet autre monde au cœur du nôtre.
Les énergies de la vie, échantillonnées, calibrées et transformées seraient mises en circulation dans l’humanité afin d’y créer de nouvelles conditions.
Nous ne croyons pas naïvement que seul le bien et le bon seraient au travail. Une multitude de plans parfois contradictoires opèrerait ainsi dans l’invisible avec des besoins et des buts variés.
Nous ne serions que la résultante de ce jeu des civilisations intérieures, le fruit paradoxal et changeant de leurs effets sur nous.
Et cette synthèse même garantirait que notre monde et son humanité sont en quelque sorte une création unique et originale, même si elle est le résultat d’une interaction de mondes multiples.
L’invention de la vie est donc complexe et évolutive.
L’humain, une des créatures, est sans doute appelé à y participer en tant que co-créateur. Il deviendra à son tour inventeur de vie.
Il ne pourra sans doute pressentir sa responsabilité à cet égard qu’en découvrant qu’il est lui-même accompagné par ces autres consciences au centre de son être.
En comprenant comment il est imaginé, protégé, encouragé, respecté, et aimé au sein des champs de superconscience, il pourra à son tour co-créer de nouvelles formes du vivant, et leur offrir l’aventure de la conscience autonome.
Si la conscience engendre ainsi la vie, la vie favorise à son tour l’apparition de nouvelles formes de conscience.
L’évolution est ainsi au cœur de ce travail d’engendrement de plus en plus délicat et abouti.